Certains élèves réussissent plus que d'autres au cours de leur scolarité. Ces élèves ont-ils un don naturel, c'est-à-dire des capacités et des qualités innées ? Bourdieu réfute que les inégalités de réussite soient dues à des inégalités de dons. Pour lui, la réussite et l'échec scolaire ne résultent pas d'un avantage naturel pour l'école que possèdent ou non les élèves.
Si la réponse ne se trouve pas du coté de l'inné, elle se trouve du coté de l'acquis. Il s'agit alors d'expliquer sociologiquement ce que les élèves «doués» pour l'école ont acquis, d'identifier ce «don acquis» qui favorise la réussite scolaire. Le don ne revêt alors plus le sens d'une qualité naturelle et innée mais le sens de quelque chose de donnée, transmise.
Tout d'abord, Bourdieu explique que l'une des causes d'inégalités de réussite résulte d'une inégalité au niveau culturel. L'environnement et le milieu familial vont influencer l'évolution scolaire de l'enfant. L'auteur s'appuie sur différents études pour montrer l'existence d'un lien entre le niveau culturel global de la famille (les deux parents mais aussi les ascendants et les membres de la famille élargie) et le cursus scolaire de l'individu. Plus les membres de la famille sont diplômés plus l'enfant a de chances de réussir et de s'engager dans de longues études.
L'existence de ce lien s'explique par ce que Bourdieu appelle la transmission du capital culturel.
Le capital culturel correspond à un ensemble de qualités intellectuelles transmises pendant l'éducation par le milieu familial et profondément intériorisées à tel point qu'elles paraissent innées.
De plus, la réussite à l'école dépend également de l'attitude familiale à l'égard du milieu scolaire, attitude familiale qui conditionne l'attitude de l'enfant à l'égard de l'école et le choix d'orientation. Pour l'auteur, l'attitude du milieu familial est liée à la classe sociale d'appartenance et se manifeste notamment dans le choix d'orientation scolaire (études supérieures, choix d'une option sélective comme par exemple des cours de russe). Un milieu qui considère le système scolaire comme un moyen d'ascension sociale pour l'enfant est fortement susceptible d'investir le milieu scolaire, d'adhérer à ses normes et valeurs, d'encourager l'enfant, de lui apporter le soutien scolaire qu'il a besoin et d'envisager des études supérieures. C'est particulièrement le cas de ce que Bourdieu appelle «la petite bourgeoisie» qui est, selon lui, une classe sociale de transition.
A contrario, il explique qu'il est rare qu'un ouvrier envisage de longues études pour son enfant qui semblent relever pour lui de l'impossible voire de l'interdit. Il y préfère des études courtes considérées alors comme réalistes. Bourdieu développe cette idée qui selon lui résulte d'un processus d'intériorisation de valeurs partagées et de système d'influence au sein d'une même classe sociale. L'environnement social par un effet de groupe tend à décourager des ambitions considérées démesurées par celui-ci et invite- voire impose l'individu à viser un but moindre présenté alors comme réaliste et objectif. Cette attitude du milieu familial est donc déterminante et Bourdieu la considère, avant même la transmission du capital culturel comme la première responsable des inégalités de réussite devant l'école. Dés lors il constate que les handicaps sont cumulatifs puisque les plus défavorisés le sont doublement par le capital culturel transmis et l'attitude du milieu familial à l'égard de l'école mais ce ne sont pas les seuls handicaps.
Bourdieu nous décrit un troisième critère responsable d'inégalités de réussite qui réside au sein du fonctionnement de l'école. Premièrement, il déclare qu'en considérant les élèves comme égaux et identiques et donc en prenant pas en compte les inégalités culturelles qui existent entre eux, l'école favorise les inégalités et même les renforce. Il poursuit en expliquant que le système scolaire s'attache à la sélection d'une élite. Bourdieu affirme que les élèves sont sélectionnés, de façon inconsciente ou non, à travers de subtiles perceptions de leur tenue vestimentaire, de leur manière de s'exprimer etc. Il s'agit d'une subtile reconnaissance d'une certaine culture proche de celle de l'école qui se veut une culture de l'élite. Cette reconnaissance se réalise principalement à travers le langage et l'aisance de l'individu à évoluer dans ce milieu.
Bourdieu conclut son argumentation sur l'école conservatrice en montrant que le système scolaire n'assure pas sa fonction qui consiste à pallier aux inégalités culturelles qui existent et qui sont en partie responsable des inégalités de réussite. Elle n'offre donc pas l'égalité des chances qu'elle prétend offrir et sur laquelle elle est fondée. L'auteur part du constat que l'accès aux œuvres culturelles demeure le privilège de la classe cultivée. Il donne pour exemple la fréquentation des musées dont plus de la moitie du public est titulaire au moins du baccalauréat. Il met également en avant l'échec d'institutions destinées à être accessibles à tous telles que les maisons de la culture. Seule l'école est en mesure de créer et de développer l'aspiration à la culture. Puisqu'elle est destinée au plus grand nombre et obligatoire dans un premier temps, elle seule pourrait compenser les inégalités et offrir un éveil à la culture à ceux qui n'en bénéficient pas dans leur milieu familial. Selon l'auteur, elle n'assure pas cette fonction car elle ne propose pas assez de pratique culturelle telle des enseignements artistiques, des visites organisées etc.
Ainsi Bourdieu nous montre en effet que certains élèves sont doués pour l'école non pas grâce à des dons naturels mais à des «dons acquis». Ces élèves sont favorisés par le capital culturel reçu dans leur milieu familial et l'attitude de ce dernier vis-à-vis de l'école. L'école quant à elle est bien conservatrice puisque par son fonctionnement elle tend à favoriser ces élèves doués pour l'école et à défavoriser les autres. La réussite scolaire selon Bourdieu
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